Il n’y a pas forcément que de bons côtés lorsque l’on parle de mondial. Surtout lorsqu’il se déroule dans un pays aussi emblématique que la Russie. Un territoire propice à de nombreux scandales politiques ou humanitaires. Et à quelques jours du démarrage de la coupe du monde, l’actualité ne manque pas de faits insolites gravitant autour de la compétition, des équipes ou même du pays hôte. Par exemple, on vient d’apprendre cette fin de semaine que les supporters gays se montrent plutôt inquiets après des menaces…
Une Russie qui essaie de rassurer
Dans la presse nationale et internationale, la Russie veut se montrer rassurante en assurant aux supporters gays qu’ils seront bien évidemment les bienvenus à l’occasion du Mondial qui se déroulera sur le sol de la fière patrie. Mais si le message semble clair et explicite d’un côté, il n’en reste pas moins que certains attestent avoir reçu des menaces qui brossent quant à elle un tout autre discours.
On retrouve donc un très grand nombre de supporters LGBT qui s’inquiètent aujourd’hui pour leur sécurité. Ils hésitent à se rendre dans ce grand pays qui reste particulièrement connu pour sa législation anti-gay, qui condamne la « propagande homosexuelle », appuyant ses actions par des cas d’enlèvements et de tortures d’homosexuels qui ont fait scandale dans la république russe de Tchétchénie ces dernières années.
Des menaces de mort contre les gays
Il n’est pas vraiment facile pour des gays qui s’assument de se projeter dans quelques jours dans un stade russe pour supporter son équipe de foot nationale lors de ce prochain mondial. Des personnes comme Di Cunningham, qui préside actuellement une organisation rassemblant divers groupes de supporters homosexuels en Grande-Bretagne, affirment de leurs côtés avoir reçu de graves menaces. Di a en effet reçu des courriels anonymes, l’avertissant de ne pas se rendre à la compétition, tout juste après avoir accordé une interview aux médias russes. Il prouvera ces accusations en transmettant à l’AFP un de ces emails où l’on trouvera une photographie d’un homme tatoué au regard menaçant, tenant un couteau est accompagnée de menaces de s’en prendre aux fans homosexuels se rendant en Russie.
On retrouvera même parmi cet envoi internet, un autre message qui prétend venir d’un avocat et qui assure que l’organisation « sodomite » est littéralement dans le viseur de la police. L’invitant par la même occasion à rester chez elle et à ne surtout pas se déplacer sur son sol. Nous sommes en 2018 et ce genre de menaces n’ont toutefois pas rebuté Joe Wright, un jeune étudiant en droit qui mène activement des campagnes pour l’organisation depuis quelques années déjà ou son responsable Di Cunningham qui explique : « Je veux soutenir mon équipe et assurer une présence LGBT, même minime, dans un pays qui est hostile à cette communauté. ».
Une affaire plutôt froide
Joe Wright s’interroge encore, à 7 jours de la compétition, de savoir s’il va cependant vraiment faire le déplacement, car sa famille et ses amis lui ont bien fait savoir qu’ils préféreraient qu’il reste à la maison. Et on peut facilement les comprendre. Ils s’inquiètent tous pour sa sécurité en Russie, à la fois en tant que gay mais aussi de supporter anglais. Il ne faut pas oublier que le climat est plutôt glacial entre les deux nations, surtout depuis les vives tensions diplomatiques qui existent entre les deux pays qui se sont considérablement aggravées avec l’affaire de l’empoisonnement de l’ex-espion Sergueï Skripal en Angleterre.
Le jeune fan, tout jeune de 25 ans semble cependant optimiste ; « Je veux sentir l’ambiance, l’excitation d’aller à une Coupe du monde et, bien sûr, je veux soutenir l’Angleterre. ». Mais l’organisation Pride in Football a rapporté à la Fifa les menaces reçues afin de permettre aux autorités russes de mener une enquête plus poussée et de retrouver les auteurs…ou pas…
Bienvenue en Russie
Les cas de violences à l’encontre des homosexuels défraient régulièrement la chronique dans le pays, même si les grandes villes russes ont des communautés LGBT actives. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit ici d’une nation où l’homosexualité était considérée comme un crime jusqu’en 1993 et comme une maladie mentale il n’y a encore pas si longtemps…jusqu’en 1999. En 2013, on retrouvera même une loi votée par le gouvernement pour punir tout simplement d’amendes et de peines de prison la « propagande » homosexuelle auprès des mineurs. Mais personne n’est dupe et ce projet de loi a fini par être transformé en une formulation plutôt floue qui interdit de fait l’activisme en faveur des droits LGBT. On retrouvera alors certains militants poursuivis pour avoir partagé des informations sur les droits LGBT sur les réseaux sociaux.
De même que ceux qui ont exhibé des drapeaux arc-en-ciel lors de manifestations se font fait interpeller. On entendra même parler l’année dernière, d’ homosexuels originaires de Tchétchénie rapporter des cas d’enlèvements et surtout de tortures par les forces de l’ordre. Et c’est le responsable de la lutte contre les discriminations pour le Mondial, Alexeï Smertine, qui rentre en jeu ce mois-ci en affirmant que les supporters homosexuels doivent se sentir « en sécurité et à l’aise » lors de la compétition. Langue de bois ? En tous cas le Comité d’organisation local de la Fifa s’est prononcé à ce sujet, confirmant auprès de l’AFP que l’affichage de drapeaux LGBT sera autorisé dans les stades et les événements publics et que : « tous les visiteurs en 2018 en Russie, quelle que soit leur origine, religion, éventuel handicap ou orientation sexuelle, peuvent espérer un accueil chaleureux, une grande hospitalité et une expérience inoubliable. ».
Des espaces protégés pour les supporters gays du mondial
Ce sont des déclarations qui ont donc très rapidement été saluées par Alexandre Agapov, le président de la Fédération sportive LGBT russe, mais qui déclare d’un autre côté douter légèrement que cette vague de tolérance perdure après la fin du Mondial, appuyant ses doutes en déclarant : « Le championnat va se finir, mais la loi contre la propagande homosexuelle va rester . ». Nous apprenons cette semaine, à ce sujet, que la Fédération sportive LGBT russe collabore en fait avec l’organisation anti-discriminations internationale Fare. Leur coopération a pour objectif de créer des « maisons de la diversité » à Moscou et Saint-Pétersbourg lors du Mondial.
Ce seront en fait des espaces protégés et sécurisés qui abriteront des expositions dans lesquelles les supporters homosexuels pourront se rassembler pour regarder des matches ensemble. Mais si le geste peut paraître louable et rassurant, il n’aura pas cependant toutefois pas suffi pour convaincre certains supporters homosexuels de venir jusqu’en Russie pour soutenir leur sélection nationale. Peut-être se rabattront-ils sur les paris en ligne sur les sites de paris sportifs, moins bien dangereux pour eux ?!